Édition du vendredi 23 janvier 2015
Mixité sociale dans les quartiers : Manuel Valls veut une politique globale
Le Premier ministre, après avoir dénoncé il y a deux jours une situation « d’apartheid » social et ethnique dans les banlieues françaises, a poursuivi hier dans la même veine en affirmant qu’il fallait « une politique de peuplement » pour « lutter contre la ghettoïsation et la ségrégation ». Il a annoncé la tenue d’un comité interministériel début mars consacré à la lutte contre les inégalités dans les quartiers les plus pauvres.
Il n’est pas si fréquent d’entendre un Premier ministre exprimer aussi directement que l’a fait Manuel Valls la situation dramatique de certains quartiers : « Je ne supporte pas, en tant que républicain, de voir cet enfermement, cette relégation dans un certain nombre de ces quartiers, que dans des écoles on ne trouve que des élèves issus de familles pauvres, souvent monoparentales, issues uniquement de l’immigration, des mêmes cultures et de la même religion », a martelé hier le chef du gouvernement.
C’est, à demi-mot, une forme de constat d’échec de dizaines d’années de politique de la ville qu’a dressé Manuel Valls en posant, de façon purement rhétorique, une série de questions dont la réponse semble évidente : « La politique de la ville, la rénovation urbaine a-t-elle permis de contrer la ségrégation, d’éviter le repli identitaire, ethnique voire religieux, de faire reculer le chômage, les discriminations et le racisme ? Nos politiques publiques à destination de ces quartiers se sont-elles traduites par un meilleur accès à la culture ? Ont-elles récompensé ceux qui le méritaient ? Il faut savoir tirer les leçons de ce qui ne marche plus ou pas. »
C’est après avoir fait ce constat brutal que le Premier ministre a parlé d’aller « plus loin qu’une politique du logement ou de l’habitat », et évoqué une « politique de peuplement », provoquant nombre de commentaires plus ou moins offusqués.
Pourtant, le terme de politique de peuplement est bien connu des sociologues comme des spécialistes des questions de logement. Il recouvre notamment toutes les politiques de mixité sociale « obligatoire » créées par l'article 55 de la loi SRU puis durcies par la loi Duflot. On le retrouve aussi au premier plan des actions de l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine), qui a cherché à promouvoir depuis 2012 les dispositifs dits PSL (Plans stratégiques locaux). Les PSL, écrit l’Anru, visent à « poursuivre la diversification de l’offre de logements dans les quartiers et [de] mettre en place une stratégie d’attribution des logements favorisant la mixité sociale » – ce qui est la définition même des politiques de peuplement.
La problématique du peuplement n’est donc absolument pas nouvelle, et, en cherchant à ne pas la réduire uniquement aux politiques de logement, Manuel Valls ne fait que reprendre le point de vue de nombreux spécialistes de la question. En 2012 déjà, une étude de l’Observatoire de l’intégration et de la ville expliquait que « l’enjeu du peuplement dans les territoires en rénovation urbaine résulte d’un exercice délicat consistant à proposer un parc de logement social diffus sur l’ensemble de la ville. Ceci pour donner à des ménages paupérisés l’accès à toute la ville, tout en incitant ceux qui disposent de quelques ressources à ne pas quitter les territoires et en tentant d’attirer des ménages disposant de revenus plus importants sur ces mêmes territoires. » Et de conclure : « La diversification de l’habitat, seule, n’apporterait qu’une réponse partielle et peu pertinente. La mixité sociale et territoriale (doit être) un enjeu porté par l’ensemble des acteurs du territoire et transversal à toutes les actions qui y sont menées. »
Manuel Valls n’a pas dit autre chose hier, en parlant de lancer un « chantier de mobilisation des ministères, des administrations, des parlementaires, des élus locaux, des associations et des populations ». L’organisation de ce chantier a été confiée au ministre de la Ville, Patrick Kanner, et à la secrétaire d’État à la Politique de la ville, Myriam El-Khomri.
Il n’est pas si fréquent d’entendre un Premier ministre exprimer aussi directement que l’a fait Manuel Valls la situation dramatique de certains quartiers : « Je ne supporte pas, en tant que républicain, de voir cet enfermement, cette relégation dans un certain nombre de ces quartiers, que dans des écoles on ne trouve que des élèves issus de familles pauvres, souvent monoparentales, issues uniquement de l’immigration, des mêmes cultures et de la même religion », a martelé hier le chef du gouvernement.
C’est, à demi-mot, une forme de constat d’échec de dizaines d’années de politique de la ville qu’a dressé Manuel Valls en posant, de façon purement rhétorique, une série de questions dont la réponse semble évidente : « La politique de la ville, la rénovation urbaine a-t-elle permis de contrer la ségrégation, d’éviter le repli identitaire, ethnique voire religieux, de faire reculer le chômage, les discriminations et le racisme ? Nos politiques publiques à destination de ces quartiers se sont-elles traduites par un meilleur accès à la culture ? Ont-elles récompensé ceux qui le méritaient ? Il faut savoir tirer les leçons de ce qui ne marche plus ou pas. »
C’est après avoir fait ce constat brutal que le Premier ministre a parlé d’aller « plus loin qu’une politique du logement ou de l’habitat », et évoqué une « politique de peuplement », provoquant nombre de commentaires plus ou moins offusqués.
Pourtant, le terme de politique de peuplement est bien connu des sociologues comme des spécialistes des questions de logement. Il recouvre notamment toutes les politiques de mixité sociale « obligatoire » créées par l'article 55 de la loi SRU puis durcies par la loi Duflot. On le retrouve aussi au premier plan des actions de l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine), qui a cherché à promouvoir depuis 2012 les dispositifs dits PSL (Plans stratégiques locaux). Les PSL, écrit l’Anru, visent à « poursuivre la diversification de l’offre de logements dans les quartiers et [de] mettre en place une stratégie d’attribution des logements favorisant la mixité sociale » – ce qui est la définition même des politiques de peuplement.
La problématique du peuplement n’est donc absolument pas nouvelle, et, en cherchant à ne pas la réduire uniquement aux politiques de logement, Manuel Valls ne fait que reprendre le point de vue de nombreux spécialistes de la question. En 2012 déjà, une étude de l’Observatoire de l’intégration et de la ville expliquait que « l’enjeu du peuplement dans les territoires en rénovation urbaine résulte d’un exercice délicat consistant à proposer un parc de logement social diffus sur l’ensemble de la ville. Ceci pour donner à des ménages paupérisés l’accès à toute la ville, tout en incitant ceux qui disposent de quelques ressources à ne pas quitter les territoires et en tentant d’attirer des ménages disposant de revenus plus importants sur ces mêmes territoires. » Et de conclure : « La diversification de l’habitat, seule, n’apporterait qu’une réponse partielle et peu pertinente. La mixité sociale et territoriale (doit être) un enjeu porté par l’ensemble des acteurs du territoire et transversal à toutes les actions qui y sont menées. »
Manuel Valls n’a pas dit autre chose hier, en parlant de lancer un « chantier de mobilisation des ministères, des administrations, des parlementaires, des élus locaux, des associations et des populations ». L’organisation de ce chantier a été confiée au ministre de la Ville, Patrick Kanner, et à la secrétaire d’État à la Politique de la ville, Myriam El-Khomri.
F.L.
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